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Faut-il capturer sur les sites de swarming ?

L’essentiel des groupes chauves-souris régionaux publient aujourd’hui des bulletins de liaison qui relatent au fil des mois les actions sur le terrain et le travail impressionnant accompli par les divers réseaux. On y lit aussi des comptes-rendus qui posent parfois question.

C’est le cas de ceux concernant les études orientées vers les sites de swarming, des gîtes essentiels en automne pour les chauves-souris. Les captures au filet semblent souvent être l’une, voire l’unique base du travail de suivi. Phénomène troublant, sur certaines cavités où sont pratiquées plusieurs dizaines de soirées de captures saisonnières, il est enregistré dans le même temps des chutes parfois impressionnantes des effectifs. Malheureusement, aucun rapport de cause à effet ne semble être envisagé actuellement par les naturalistes. Ces répétitions de captures, très stressantes pour les animaux, ne seraient-elles pas la première raison de ces fortes baisses de fréquentation? Il serait peut être judicieux de se rappeler du passé car ce manque de questionnement est déjà apparu chez les chiroptérophiles dans les années 1950, quand les premiers bagueurs n’imaginaient pas que leurs pratiques puissent provoquer la chute des populations de chauves-souris.

Internet et les forums, une nouvelle menace pour les chauves-souris ?

Autrefois, pour avoir un renseignement sur leur biologie, il fallait contacter un spécialiste par courrier ou par téléphone : on savait donc à qui l’on s’adressait. Ce n’est plus le cas, chacun pianotant sur son clavier pour surfer d’un site Internet à l’autre, cherchant le plus vite possible une information sans connaître la compétence réelle du concepteur du site ou du webmaster. D’où des informations erronées et des interprétations qui ne sont pas sans conséquence pour les animaux.

La première règle est d’éviter de visiter les sites hors d’Europe quand vous cherchez des renseignements sur les chauves-souris françaises. Pour les virus et les questions sanitaires, c’est pareil car entre les continents la problématique est totalement différente : les virus d’Afrique tropicale sont par exemple inconnus ici et une question sur la rage des chauves-souris d’Europe ne peut être résolue par un site nord-américain, Québec compris. L’hystoplasmose que l’on trouve en référence sur bon nombre de sites étrangers est une maladie entrainée par un champignon qui se développe sur le guano : elle est inconnue en Europe. Nul besoin donc de s’angoisser si les crottes s’accumulent dans votre grenier. Les sites qui rivalisent d’informations anxiogènes ont le plus souvent la faveur du public, et ils ressortent donc en priorité, malheureusement ils conduisent à ce que certains aillent jusqu’à se débarrasser de leurs chauves-souris soudain pris d’angoisses injustifiées.

Il en est de même pour les soins apportés aux chauves-souris en détresse : une partie des conseils donnés sur des forums sont aberrants et conduisent parfois à nuire gravement à un animal à qui l’on souhaitait porter secours : ne mettez pas par exemple une chauve-souris sur un linge humide ou dans de la paille pour un transport, une boite en carton avec un chiffon sec suffit, ne pas donner de lait de vache aux juvéniles, ni de fruits aux adultes...

Utilisez Internet, mais avec réflexion et discernement. Servez-vous en surtout pour vous mettre en relation avec les spécialistes du réseau chauves-souris, ils sont là pour vous répondre et même si c’est un peu plus long, vous éviterez de faire de grosses bêtises, ou suite à des angoisses irrationnelles liées à des virus, de ne plus dormir la nuit.

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